Le téléphone sonne, il est tard, je suis en vacances, loin de Paris où réside la personne que j’accompagne.
Mais aussi- le cas s’est produit- je ne suis pas loin de lui…
Comment je réagis ?
Cette question me travaille ; elle met en jeu différents ressorts :
- Comment moi, qui ai essayé de construire une relation un peu forte avec Sylvain, puis- je ne pas répondre et venir tout de suite?
- Mais j’ai mes limites, mes contraintes familiales, besoin de souffler.
- Ai-je su entendre/ comprendre les mots prononcés, n’y ai-je pas injecté un biais ?
- A qui je peux en parler ?
Dans le premier cas, la réponse semble plus facile : « je suis désolé, je suis à l’autre bout de la France, trouve quelqu’un d’autre »… Bon, après, il faut assumer.
Dans le cas auquel je pense, il n’y a pas eu de drame. Mais j’imagine une situation où un bénévole ne prend pas en charge ce cri de détresse, et que quelque chose de très grave survient. Comment on vit avec ça ?
Dans le cas où je ne suis pas loin, que faire ? Tout semble dépendre de ma propre décision.
Il y a des moments où l’on doute se sa propre capacité d’aider, de soutenir. « Je n’y arrive pas, j’ai déjà essayé, et il me rappelle encore en urgence, en détresse ».
Là je touche vraiment mes limites ; je sens le besoin d’un cadre de référence, et je ne le connais pas. Le seul bout de réponse que j’ai trouvé, c’est bien sûr d’en parler à d’autres au sein de l’association où je suis engagé, mais je ne me suis pas donné les moyens d’aller plus loin.
Si quelqu’un lit ce message, et peut partager sa vision, sa réponse, je lui en serai reconnaissant.
Pierre, bénévole dans une association qui agit auprès de personnes isolées