“Reste à côté de moi”

Un témoignage d’Alberto, bénévole, qui accompagne des personnes affectées par une maladie grave ou en fin de vie

« [Au bout de quelques rencontres, nous étions comme] deux personnes qui commencent à se connaître et à s’apprécier, dans la discrétion et le respect mutuel.La troisième semaine, la maladie avait évolué très rapidement et ses forces l’abandonnaient aussi rapidement. Il m’a reconnu en entrant dans sa chambre. Il pouvait à peine parler, ses yeux étaient fermés la plupart du temps. Je lui ai demandé s’il voulait que je reste à côté de lui : là, il m’a regardé et il a cherché des forces pour me dire : “oui, assieds-toi à côté de moi, stp.” Ce que j’ai fait (je me suis assis sur une chaise à côté de son lit). De temps en temps, il ouvrait les yeux et je sentais qu’il me cherchait du regard. Je lui demandais : “veux-tu que je reste encore ? ” et d’un signe il répondait “oui”. Le temps passait, et quelque chose passait aussi entre nous car je me sentais super heureux d’être là, en ce lieu, en ce moment, et dans ces circonstances. A un moment le pousse-seringue a sonné et je suis allé chercher un infirmier, qui est venu tout vérifier. Je lui ai encore demandé s’il voulait que je reste, et la réponse était toujours “OUI, reste à côté de moi”. Au bout d’un “certain temps” j’ai posé la question de nouveau et il m’a dit : “ce n’est peut-être pas juste que tu restes toute la journée avec moi. Va donc rendre visite à quelqu’un d’autre. Reviens un autre jour.”

Je me suis donc levé, je l’ai remercié chaleureusement de ce temps passé ensemble (en silence). Nous communiquions par le regard, par nos émotions. Et nous nous comprenions parfaitement. Plus tard, j’ai su par les infirmières, que j’étais resté près d’une heure et demie à côté de lui, sans avoir eu besoin d’utiliser des paroles. Car je ne regardais pas ma montre. Quand on vit un moment de grand bonheur avec quelqu’un on n’a pas envie qu’il s’arrête ; on veut qu’il dure le plus longtemps possible. […]

La quatrième semaine, à mon arrivée à l’USP, j’ai pris de ses nouvelles : il venait de rendre le dernier souffle, une demi-heure plus tôt. J’étais heureux de savoir qu’il ne souffrait plus. J’ai voulu le remercier de ces moments si intenses de bonnes relations que nous avions vécus. Émouvant comme ce que l’on peut ressentir quand on voit une étoile filante : une émotion très rapide, trop rapide peut-être, mais d’une grande intensité. »

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